Comme si on n'avait pas quitté Marseille

C'est fou. Voilà plus de 6 heures que la flotte a doublé Cassis, mis le cap au 235 vers l'Espagne et on aperçoit toujours très nettement les côtes marseillaises. Sous un nuage, un petit arc en ciel rayonne au dessus de la montagne de Marseilleveyre : image étonnante car tout autour, il fait grand beau. Du côté de la course, c'est comme si les solitaires avaient fait du sur place. Tout l'après-midi, ils ont louvoyé à 2/3 nœuds de moyenne. En cette fin de journée, pourtant, il y a du mieux : des petites risées ont fini par rider la surface de l'eau et les vitesses ont repris du poil de la bête. Pas de quoi fouetter un chat, mais 5 nœuds tout de même. Ces conditions nous permettent, à bord de Tivicat, de sillonner le plan d'eau pour rencontrer les marins. Au soleil couchant, nous venons de croiser DLBC. Sur son tableau arrière, c'est drôle, un poisson pilote s'est accroché, la bouche faisant office de ventouse.

-    Yoann Richomme, sur le point de se préparer un repas lyophilisé : " C'est lent cette affaire. La sortie n'est pas loin, mais ce n'est pas encore pour tout de suite ".
-    Nous : " Tu as dormi un peu ?
-    Lui : " Non. Et je ne pense pas qu'il y ait grand monde à avoir dormi. Je me suis écroulé 5 minutes tout à l'heure, et quand je me suis réveillé, j'avais les voiles à contre. Et j'ai bien perdu sur Adrien Hardy ".

Les solitaires font toujours route au près, bâbord amures. Une deuxième nuit en mer se prépare. Le vent a promis d'adonner et de se renforcer. Mais pour l'instant, c'est toujours langoureux.

Camille El Beze à bord de Tivicat