Actualités
- Accueil >
- Actualités >
- Chaos calme
lun. 23 sept. 2013 17:34:01 CEST
Chaos calme
Le
vent a commencé à montrer quelques signes de faiblesses la nuit
dernière. En milieu de matinée, il avait pratiquement déserté. Pendant
de nombreuses heures, les monotypes, au près, n'ont pas dépassé les 1,5 à
2 nœuds, entravés de surcroît est par un courant traversier. Toutefois,
les vitesses n'ont jamais été nulles et la progression vers le finish
de cette première étape de La Generali Solo, laisse entrevoir une
arrivée dans moins de 24 heures.
Des placements, des paris
Dans ce contexte aléatoire, personne n'a vraiment n'a pris l'ascendant
(moins d'un mille entre les 8 premiers). Chacun a placé ses pions sur
l'échiquier en espérant être le premier à accélérer. D'un côté, les
partisans du large, comme Gwenaël Gbick (Made in Midi), David Kenefick
(Full Irish) ou Thierry Chabagny (Gedimat) qui espèrent être les mieux
placés pour toucher le nouveau vent de sud-est. De l'autre, ceux qui ont
choisi de rester à l'intérieur de la route comme Paul Meilhat (Skipper
Macif 2011) ou Gildas Mahé (Ports d'Azur- Interface Concept) pour
traverser plus rapidement la dorsale. Cinq milles séparent ces deux
groupes extrêmes. Entre les deux, une multitude de positions proches de
la route directe, qui avantagent Fabien Delahaye (Skipper Macif 2012),
Nicolas Lunven (Generali) ou Gildas Morvan (Cercle Vert) au classement
de l'après-midi.
Naviguer en finesse
Mais à l'échelle du parcours, tout ceci est affaire de centimètres, et
surtout de paris pris sur l'avenir car nul n'est absolument certain de
ce que la météo réserve. C'est aussi une affaire de finesse dans la
navigation, de réglages bien ajustés, de barre légère pour ne pas casser
la vitesse du bateau et de virements de bord bien placés. Tant que le
vent n'est pas durablement installé, ces pouillems ont un prix : de
nombreuses heures sur le pont et de maigres minutes à la bannette… Mais
sur la route de Barcelone, il y a de nombreux lots de consolation : la
douceur des températures diurnes, les lumières de l'aube et du
crépuscule et des compagnons de route fort sympathiques.
Le grand bestiaire de la Generali Solo
Les navigateurs étaient superbement entourés aujourd'hui avec une
myriade d'animaux marins de toutes les espèces, venus en curieux pour
voir à quoi ressemblaient des gueules de marins fatigués. Une famille de
baleines pas farouches, des dizaines de thons en chasse, une paire de
poisson lunes apathiques, quelques tortues placides et des bancs de
sardines ou d'anchois comme autant de paillettes argentées sous la
surface de l'eau. Il y avait de quoi s'extasier devant ce ballet
aquatique et nombreux sont les figaristes qui ont immortalisé ces
instants magiques.
Camille El Beze à bord de TiviCat
Ils ont dit :
Xavier Macaire (Skipper Hérault) : " Ca va impeccable
ce matin. Après le lever du soleil, j'ai réussi à faire 2-3 siestes
rapido. Cette nuit, deux bateaux sont partis plus sur le nord, moi
j'étais plus au sud de la route, et ça a un peu distribué, une fois pour
l'un, une fois pour l'autre. En fin de nuit, ils ont eu un peu plus de
vent au nord. Mais je suis content. J'allais assez vite et malgré un
mauvais départ, j'ai pu remonter des places. La dorsale se présente à
nous en ce moment, on devrait en sortir cet après-midi, choper du vent
de sud-est qui sera suffisamment soutenu pour faire un bord pour
l'arrivée à Barcelone "
Nicolas Lunven (Generali) :" En ce moment je vois une
étendue d'eau qui ressemble à un miroir, c'est plutôt ambiance short,
casquette, crème solaire, pour pas trop cuire au soleil. J'ai 1,4 nœuds
de vent, donc ça ne va pas très très vite, juste devant moi, j'ai
Fabien Delahaye, à gauche Adrien Hardy, derrière Gildas Mahé. Voilà pour
la photo du moment. J'ai privilégié l'option nord-ouest par rapport à
la route directe, ça permettait d'aller un peu plus vite avec le bateau
au niveau du vent. Par chance, à un moment donné, on a eu une risée que
les autres n'ont pas eue, du coup, on a bien avancé avec le groupe avec
qui j'étais. Ca a permis de me retrouver bien positionné, mais la route
est encore très longue. J'espère ne pas avoir trop de pétole encore
longtemps, malheureusement je crois que ça va durer jusqu'à ce soir.
Encore quelques longues heures à la barre. J'ai réussi à me reposer un
petit peu en deuxième partie de nuit, le vent était faible mais stable,
j'ai donc réussi à lâcher la barre et décompresser quelques minutes.
J'ai vu des baleines il n'y a pas longtemps, elles n'étaient pas très
loin. "
Paul Meilhat (Skipper Macif 2011) :" On est dans le
cœur de la dorsale, on est tous arrêtés. J'ai peur que tout ce qu'on a
fait depuis le début n'ait servi à rien. Je m'en suis super bien sorti
cette nuit, j'ai réussi à reprendre. J'étais content. En plus j'ai
réussi à me reposer un peu. Mas en ce moment ce n'est pas facile. Les
bateaux sont à moins de 2 nœuds, et ça commence à bien cogner. Dans ce
cas-là, il faut faire marcher le bateau le mieux possible. Niveau
protection du soleil, on essaie de se mettre à l'ombre, de boire
beaucoup d'eau. Normalement on devrait décoller à nouveau en fin
d'après-midi. Du coup je pense que demain dans la journée, on sera à
Barcelone. Demain 16h, ça parait réaliste. On est allé plus vite que
prévu sur le début du parcours, ça veut dire qu'on va passer un peu
moins de temps dans la pétole. Fabien a vu une tortue, on a vu des
dauphins, des baleines, on en profite ! "
Gildas Mahé (Ports d'Azur - Interface Concept) :" Ca va
nickel, pétole mais sinon ça va. Je suis à 0,2 noeud et il y a 0,6 nœud
de vent. Jusqu'il y a dix minutes, ça avançait un peu, mais là c'est le
barrage. On essaie de regagner désespérément le but, mais comme il y a
du courant également, le courant nous mène globalement vers le nord,
donc à l'opposé de la route, donc on essaie d'avancer tant bien que mal
pour ne pas reculer. En fin de nuit j'ai pu me reposer un peu. Juste
devant moi il y a Paul Meilhat, et derrière, Anthony Marchand, et tout
plein de bateaux en visu, et des baleines et des thons qui nous
entourent depuis ce matin. C'est sympa de voir de la vie en
Méditerranée. "
Anthony Marchand (Bretagne - Crédit Mutuel Performance)
:" Ça va nickel. Ça n'avance pas très vite. Pas de vent du tout pour
l'instant. Il y a quelques baleines qui nous narguent un peu autour de
nous. La flotte est relativement groupée et on est en plein milieu de la
dorsale ".
Gildas Morvan (Cercle Vert) :" Ce matin on est
empétolé, c'est le lac complet. Il y a eu un peu de vent, ça a un peu
avancé, mais depuis deux heures ça mouline sévère. Dans la pétole, on
mange, j'ai rangé le bateau, j'ai essayé de dormir aussi un peu, mais le
vent change sans arrêt. Dans les prochaines heures, ça ne va pas être
folichon. C'est déjà le cagnard, il fait déjà très très chaud. J'essaie
de me décaler un peu dans le nord, on essaie de toucher un peu plus de
vent ".
Adrien Hardy (Agir Recouvrement) :" C'est le grand beau
temps, la mer est d'huile, il y a très peu de vent depuis hier soir. On
avance entre 1 et 3 nœuds. Ce qui est bien c'est qu'il n'y a aucune
vague donc le bateau avance quand même un peu. Les conditions sont
plutôt agréables même si elles sont difficiles. Cette nuit ça n'a pas
été évident parce que le vent a pas mal bougé, j'ai fait le choix de
mettre le pilote et de me reposer un petit peu ; j'avais envie d'être en
forme pour les transitions à venir. J'ai peut être perdu un petit peu
mais je suis en train de regagner. Toute la nuit on a eu des baleines,
des dauphins. On entendait le souffle. Là je vois encore des baleines
devant Macif. Ce sont des moments bien agréables ".
Claire Pruvot (Port de Caen-Ouistreham) : " Ce matin ça
va, sous le soleil, mais il n'y a pas de vent. Cela oscille entre 1,5
et 3 nœuds. C'est vraiment une mer d'huile. Ce n'est pas très rapide, il
y a des vents très différents d'un bateau à l'autre. En visu, j'ai
Gildas Mahé et Anthony Marchand, dans mon axe devant. J'ai tout un
paquet à 2 milles au vent. Derrière, j'ai Matthieu Girolet et Cercle
Vert. Cela s'est un peu étalé mains on arrive encore à voir tout le
monde. Je n'ai pas vu les baleines mais je les ai entendues cette nuit.
C'est bizarre, tu ne vois rien mais tu entends cet énorme souffle. Tu te
demandes un peu ce que c'est la première fois. Il y a une faune marine
incroyable dans le coin. Il n'y a pas un bruit à part le bateau qui
glisse sur l'eau. C'est vraiment spécial et vraiment chouette. J'ai fait
quelques siestes cette nuit parce que mes yeux se fermaient tout seuls
".
03/12/2015